Comment gérer les élèves allophones ?

élèves allophones

Il n’est pas rare que les établissements du secondaire accueillent désormais un certain nombre d’élèves allophones, c’est à dire venant de pays étrangers et ne sachant pas parler français. Ces élèves à besoins particuliers n’ont pas toujours la chance d’être pris en charge dans une UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants) car ces unités spécialisées sont en nombre insuffisant sur le territoire (et d’autant plus que les flux migratoires s’accentuent nettement depuis quelques années). Tu peux donc te retrouver avec un Albanais, un Ukrainien, une Malienne ou une Espagnole dans ton cours, qui ne comprend rien à ce que tu racontes. Que faire ?

Faut-il tout traduire pour les élèves allophones ?

A moins que tu aies des compétences en FLE (Français langue étrangère) ou FLS (Français langue de scolarisation), tu n’as pas vocation à enseigner la langue française à ses élèves. Les professeurs de Lettres (modernes ou classiques) peuvent tenter de glaner sur le net des imagiers et des fiches de vocabulaire, des exercices de FLE simples, pour fournir un minimum de matière à ces élèves. Il existe de nombreux sites de FLE avec des fiches téléchargeables. Si tu as la possibilité de fournir un ordinateur individuel (avec casque) dans ta salle, le site de TV5 Monde regorge d’activités pour les élèves allophones. Les ressources ne manquent pas, mais il n’est pas évident de s’improviser prof de FLE, surtout quand on doit, en parallèle, faire un autre cours au reste de la classe ! Sache que tu n’as pas d’obligation légale en la matière, mais l’envie de venir en aide à ces gamins est souvent notre moteur premier, qui nous pousse à faire des recherches pour leur donner quelque chose d’accessible à faire pendant leurs interminables journées de cours… Mettons-nous à leur place : c’est comme si nous étions bombardés en Chine huit heures par jour !

Utiliser les outils numériques pour faciliter les choses

Si tu n’es pas prof de lettres, tu n’as même pas à essayer d’enseigner la langue française aux élèves allophones. Ce n’est pas ton rôle. Alors comment enseigner les SVT ou l’Histoire géographie à ces élèves qui savent encore moins lire le français que le parler ? Ne panique pas : tu peux leur donner les mêmes documents qu’aux autres, pour qu’ils aient au moins l’impression d’être à leur place en classe. Si l’élève allophone peut avoir accès à une tablette ou un ordi, google traduction ou translator peut grandement l’aider à décrypter ce qui est écrit sur les documents que tu fournis. Bien sûr, il ne pourra pas saisir les explications données à l’oral, mais il se familiarisera avec les supports de ta discipline. Dans certaines matières, comme les maths ou les sciences physiques, l’écueil est moins important car les nombres et formules sont quasiment universels (sauf pour les élèves venant d’Asie).

Les élèves allophones ont des besoins particuliers

Si un élève de la classe sait parler la langue du nouvel arrivant, il va de soi que lui demander de traduire – à la mesure de ses moyens – peut s’avérer très bénéfique. Mais il devra le faire discrètement, pour ne pas déranger le reste de la classe, ce qui n’est pas toujours évident à obtenir ! Cependant, les capacités d’adaptation des adolescents sont étonnantes : au bout de quelques semaines (deux mois environ), la plupart des élèves allophones maitrisent déjà le langage courant, et au bout d’un an la plupart sont bilingues à l’oral. Pour ce qui est de l’écrit, c’est souvent beaucoup plus compliqué, d’autant que la langue française écrite est bien plus complexe que sa version orale. L’indulgence est de mise ! Il peut y avoir un protocole d’accueil des élèves allophones dans ton établissement : renseigne-toi auprès de la direction. Si ce n’est pas le cas, demande aux collègues les règles en vigueur concernant l’évaluation : le plus souvent (sauf en Première et Terminale, bac oblige), ces élèves ne sont pas évalués durant leur première année d’immersion.

Les élèves étrangers arrivant dans le système scolaire sont évalués par le CASNAV académique

Dans tous les cas, les élèves arrivant de l’étranger sont évalués par le CASNAV (centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés) de ton académie avant d’être bombardés dans ton cours. Cette évaluation permet d’appréhender leur niveau scolaire et leurs aptitudes. C’est une information capitale car ce sont malgré tout des élèves comme les autres, et la langue n’est pas toujours la seule barrière entre ce que tu veux transmettre et leur capacité à l’assimiler… Tu peux donc demander au professeur principal ou à la direction le bilan de cette évaluation, afin de déterminer le niveau de difficulté auquel l’élève peut prétendre. Il faut savoir que c’est son âge qui prime, et non son niveau scolaire, pour choisir le niveau (6e, 3e, Seconde… ) dans lequel il sera affecté. Un élève de 15 ans qui n’a jamais appris à lire, ça arrive !

Quels conseils peux-tu donner à ces élèves allophones pour qu’ils s’intègrent rapidement ?

La mauvaise idée, c’est de les laisser trop longtemps entre eux, ou avec des élèves traducteurs. L’immersion doit être progressivement totale pour qu’ils puissent devenir bilingues. Le « bain de langue » a fait ses preuves, et rien ne vaut l’obligation de s’exprimer dans une nouvelle langue pour l’assimiler. D’ailleurs, tu peux aussi leur recommander de regarder le plus souvent possible la télévision en français (des séries par exemple, avec des sous-titres durant les premiers mois) : ça marche très bien pour progresser !

L’usage d’un dictionnaire de poche (bilingue) peut aussi s’avérer utile s’il sait utiliser cet outil. Le Diclé est particulièrement recommandé car il comporte une partie avec les mots en phonétique, qui sont donc plus faciles à trouver quand on ne maitrise pas l’orthographe française, particulièrement retorse ! Enfin, lire des textes simples de ta discipline, de niveau primaire, peut aussi l’aider à se familiariser avec le vocabulaire un peu technique ou spécialisé sans le noyer dans l’incompréhension. Là encore, internet est ton ami : il y a pléthore de fiches de sciences ou d’Histoire sur les sites de nos collègues professeurs des écoles.

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