Astuces pour assurer son autorité en classe

gestion de classe

                                        Quelques astuces pour asseoir son autorité

Je vais te donner quelques astuces qui ont fait leurs preuves en termes de gestion de classe. Tu n’es pas obligée de toutes les utiliser, mais essaye celles qui te parlent le plus, observe les résultats (même minimes), et tente les autres par la suite !

  • Rester debout près de la porte quand les élèves entrent en classe, et saluer chacun d’eux en le regardant dans les yeux (ce qui sous-entend qu’il réponde « bonjour »). Le fait d’avoir établi un contact visuel et oral, individuellement, permet d’instaurer une sorte de pacte tacite de respect.

 

  • Circuler le plus possible dans la classe. C’est tout bête, mais le fait de te sentir physiquement proche aide les élèves à se sentir « connectés » à ton cours, à ce que tu leur expliques. Rien de pire qu’un prof scotché derrière son bureau (sauf en cas d’évaluation, et encore), qui devient alors une sorte de concept lointain.

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  • Moduler les intonations. Le ton monocorde est à proscrire. Fais comme si tu donnais un show, que tu devais à tous prix captiver ton auditoire (ce qui est le cas !).

 

  • Eviter le langage familier, qui te mets au même niveau que les élèves et leur donne à penser que tu es un « copain » ou une « copine ».

 

  • Être exigeant(e), mais jamais intransigeant(e).

 

  • Ne pas oublier le principe du « toujours plus »: quand on accorde un peu, l’élève réclame davantage. Si tu tolères un peu de bruit, il y en aura plus que ce que tu pensais. A toi de déterminer le seuil maximal que tu peux supporter, et exige un ratio un peu inférieur : cela devrait amener le niveau sonore à ton seuil de tolérance. Même principe pour le degré d’impertinence que tu es capable d’encaisser sans broncher.

 

  • Ne pas hésiter à déplacer les élèves, à établir un plan de classe, en veillant à ne pas toujours laisser les perturbateurs à côté des élèves studieux : ceux-ci en sont réellement affectés et leurs résultats peuvent s’en ressentir. Etablis un turn-over des places (à chaque rentrée de vacances par exemple). Quand c’est possible, isole les plus agités. Quand la classe est pleine, place les plus récalcitrants près de toi, ou au moins au premier rang.

 

  • Ne pas oublier que tu es une figure symbolique d’autorité, ce qui veut dire que les élèves qui agressent, qui provoquent, qui cherchent à déstabiliser le prof, le font pour chercher une limite (dont ils ont besoin même s’ils n’en sont pas conscients). Tu peux leur rappeler leur père ou leur mère, le plus souvent défaillant pour ces élèves (bien que pas toujours), et ils cherchent à travers toi à trouver le cadre sécurisant qui leur manque. Laisser couler est donc le plus sûr moyen de voir leurs provocations et agressions monter d’un cran. Tant qu’ils n’auront pas été convaincus que tu es un adulte rassurant (qui pose des limites claires, justes, stables), ils continueront à te tester. Tu seras étonné de constater, au bout de quelques années, que les élèves qui t’ont le plus chahuté sont aussi ceux qui t’appréciaient le plus (pour peu que tu ne te sois pas laissé déstabiliser / et que tu les revois par la suite).

 

  • Garder à l’esprit deux choses contradictoires mais qui, quand on est prof, sont indissociables : tu fais cours à chaque élève individuellement, et à la classe dans son ensemble. Il faut donc à la fois t’adresser à la classe très régulièrement, et t’adresser à chaque élève tout aussi souvent (si possible une fois par cours). C’est le juste dosage entre le collectif et l’individuel qui permet de bien « tenir » la classe. Pour ce faire, l’usage du « vous » collectif et du « tu » individuel est un signal clair. Le fait de regarder dans les yeux le plus d’élèves possible, tout en balayant régulièrement la classe du regard, s’avère aussi un moyen efficace.

 

  • S’adapter à chaque profil de classe. Il y en a où l’on peut se montrer détendu, organiser sans problème des travaux de groupes, plaisanter… et d’autres où ce sera une catastrophe si on en fait autant. Avant de montrer ton plus beau sourire et de faire des jeux de mot, attends donc de voir quel est le profil de chacune de tes classes. Il y a les studieuses, les amorphes, les agitées, les vives (à ne pas confondre avec les agitées ; les classes vives bougent et parlent beaucoup, mais s’intéressent au cours), les dysharmoniques (dans lesquelles les élèves ne se supportent pas les uns les autres), les très hétérogènes (du type 5 élèves très doués, 7 élèves moyens, 6 élèves complètement largués, deux allophones, deux hyperactifs non traités et 5 autres fantomatiques), etc. Adapter sa pédagogie et sa didactique à chaque profil de classe est un excellent moyen d’affirmer son autorité académique.

 

  • Se montrer humain. Demander à un élève qui revient avec un plâtre ce qu’il lui est arrivé n’est pas « copiner », mais seulement se montrer humain. Une qualité hautement appréciée par tous, à condition de ne pas y passer plus de 5 minutes. Avouer qu’on est fatigué, ou malade, ou énervé à cause de quelque chose qui ne les concerne pas, est aussi une façon de les rassurer et donc de les apaiser : oui, nous aussi on a nos failles, nos faiblesses, et on n’en fait pas tout un plat. On donne l’exemple de la sorte, on montre qu’on peut tout à fait ne pas se laisser submerger par nos émotions ou problèmes personnels. On montre qu’on reste concentré et apte à faire des efforts même quand on n’a pas la forme. Cela intime le respect.

 

  • Refuser toute démagogie. On n’est pas là pour se faire aimer, pour plaire, on est là pour permettre à tous nos élèves de progresser dans notre matière. Ne pas perdre de vue cet objectif premier est le gage d’une posture professionnelle Acheter la paix sociale (dans la salle de cours) par des compromissions n’est jamais une bonne idée : l’adolescent est un fin limier qui débusque toute hypocrisie, qu’il a en horreur. En revanche, une parole d’encouragement sincère est tout à fait bien perçue.

 

  • Féliciter, encourager, souligner les progrès. Un prof qui s’intéresse vraiment à ses élèves a, en général, peu de problèmes de discipline. Même si les progrès sont infimes, les mettre en évidence (sur une copie ou par oral) constitue un signal fort envers l’élève : je sais où tu en es, je suis ton cas de près, je suis sensible à tes efforts. La dimension affective demeurant très prégnante chez les ados (oui, même chez les plus grands), le fait de leur signifier un intérêt – professionnel – réel est ressenti comme une sorte d’affection, qui les engage dans la relation pédagogique. Ceci est encore plus vrai avec les élèves en difficulté, qui, trop souvent, ne bénéficient d’aucun feedback parental positif concernant leurs efforts scolaires. C’est toujours extrêmement gratifiant de voir un élève en grande difficulté se mettre à fournir des efforts de plus en plus conséquents, juste parce qu’on lui parle gentiment et qu’on l’encourage régulièrement. Et ce même élève, qui peut s’avérer très pénible dans d’autres cours (de collègues excédés qui n’ont plus de patience), se transforme alors en petit ange quand il arrive dans ta salle. En effet, le plus souvent, un élève agité est un élève en difficulté scolaire, cercle vicieux ô combien connu des enseignants. On essaye trop de calmer le comportement avant de s’intéresser aux difficultés scolaires (et ça se comprend, car il faut penser aux autres, ceux qui suivent calmement). Mais c’est, à mon sens, prendre le problème à l’envers. Si, de fait, il existe des élèves brillants qui mettent le bazar, ce ne sont pas les plus nombreux (et surtout, ceux-là sont dans le même cas que les premiers, parce qu’ils s’ennuient tout autant).

 

  • Eviter les projections. Non, je ne parle du feutre ou du manuel que tu aurais envie de balancer à la tête de l’élève insolent. Je parle d’attribuer aux élèves tes propres schémas de pensée. Si tu as été un bon élève, studieux et respectueux, tu seras fortement déstabilisé par l’attitude de beaucoup de tes ouailles. Tu auras du mal à comprendre qu’on ne puisse pas du tout s’intéresser à ce que tu racontes, qu’on ne voit pas l’intérêt d’une scolarité réussie. Tu auras du mal à saisir que l’amusement est au centre des préoccupations de la plupart des élèves (avec tout ce qui touche aux relations entre pairs). Il te faudra donc dépasser ta propre vision du monde et de l’école pour entrevoir que tout le monde n’est pas comme toi, et surtout, que cela ne permet aucun jugement : chacun est le fruit de son éducation et de son vécu.

A l’inverse, si tu as été un élève polisson et médiocre, alors tu as toutes les chances de n’avoir que peu de difficultés dans ta gestion de classe : tu sais de quoi il retourne, et tu sais qu’une attitude désinvolte ou même provocatrice n’est que rarement dirigée personnellement, mais vers le symbole que représente le prof. Et tu es la preuve que quelques années passées à s’amuser ne mettent pas en péril tout un avenir. Alors on se détend…

  • Prendre en compte le facteur temps. Les élèves dissipés, provocateurs, bavards, ne se calment pas en un tournemain. Il ne suffira jamais d’une seule remarque, d’une seule sanction, pour que tout roule. L’erreur à ne surtout pas commettre est de jeter l’éponge, en se disant après quelques semaines que ça ne sert à rien. Si, ça sert. Cela ne se voit pas forcément au début, mais ça sert. L’élève est résistant au changement, il a une force d’inertie bien supérieure à la tienne (il s’entraîne beaucoup avec ses parents). Mais il n’est pas non plus de marbre, même dans les cas qui semblent les plus désespérés. A force d’être repris, recadré, puni, sanctionné, déplacé, ignoré, isolé, pris en compte, valorisé (tout cela en fonction de son attitude du moment M), il va finir par voir où est son intérêt. Cela peut prendre des semaines, parfois des mois. Mais au final, le résultat est là. Constance dans la fermeté, permanence dans la bienveillance, et te voilà maître du jeu.

Quelques ressources complémentaires ici : http://lewebpedagogique.com/perceval/gestion-de-classe/


Pour aller plus loin, voici une petite sélection d’ouvrages qui peuvent aider à approfondir le sujet :

*https://www.amazon.fr/Discipline-classe-autorit%C3%A9-lenseignant-r%C3%A9flexion/dp/2804107655

 

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2013/rentree2013_deb4.aspx

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/06/22062015Article635705537241328542.aspx

https://www.amazon.fr/Questions-R%C3%A9ponses-Gestion-Professeurs-Enseignants/dp/2729892990

https://www.amazon.fr/Classes-difficiles-pr%C3%A9venir-perturbations-scolaires/dp/220608824X/ref=pd_rhf_dp_s_cp_0_2?_encoding=UTF8&pd_rd_i=220608824X&pd_rd_r=QPS608Q7Q18GY7YB6BED&pd_rd_w=jzoww&pd_rd_wg=uNgZf&psc=1&refRID=QPS608Q7Q18GY7YB6BED

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Assumer son autorité et motiver sa classe : Techniques vocales, corporelles et verbales pour entraîner, captiver et transmettre, 2016 de Claire Lavédrine. DE BOECK UNIVERSITE.

 

 

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