Les corrections ou Sisyphe avec un stylo rouge

corrections

Les copies et donc les corrections, c’est le rocher de Sisyphe du prof. Un éternel recommencement. Au tout début, ça peut être marrant. Mais très vite cela devient fastidieux. Pendant des années, tu vas corriger les mêmes erreurs, écrire les mêmes remarques, comptabiliser des points ou des compétences. L’aspect très répétitif de cette tâche s’apparente au travail à l’usine.

Tu n’en finiras pas de t’étonner de l’inventivité de tes élèves, qui peuvent placer la Révolution française en 1640 ou ignorer complètement l’accord du participe passé. Parfois, on rit. Souvent, on soupire.

Le volume des corrections dépend complètement de ta discipline et de ta conscience professionnelle. Le pire du pire, c’est quand tu es prof de français. Là tu ne sors pas des copies : en moyenne trois paquets par semaine en collège. Les rédactions sont les plus longues à corriger, surtout en 3e. Si tu es prof d’arts plastiques, ce sera moins fréquent mais plus volumineux. En maths, fréquent mais rapide à corriger. En anglais idem.

Il y a des profs qui évaluent deux fois par trimestre (en sciences notamment) et d’autres qui évaluent chaque semaine (en sciences humaines notamment). Chacun est libre. Ton inspecteur te dira le moment venu si tu évalues assez. En principe, plus tu évalues, plus tu mobilises les élèves (qui n’apprennent que pour avoir une bonne note). C’est triste mais c’est ainsi. Si tu cherches à faire progresser tes élèves, tu évalues souvent : évaluation formative puis sommative (voir la rubrique « évaluation »).

Bien sûr, l’oral a sa place dans l’évaluation. Mais tu es obligé de passer par la production écrite régulièrement.

La vitesse de correction est propre à chacun et dépend, là encore, de la conscience professionnelle. Certains profs n’annotent rien et se contentent d’une note. D’autres signalent les erreurs et donnent des conseils écrits pour progresser. D’autres encore utilisent des codes savants pour obliger les élèves à repérer leurs erreurs et à les corriger en conséquence. Certains font refaire les évaluations et notent les progrès obtenus. Il n’y a pas de règle absolue. Tout dépend de ta façon de concevoir le métier et de ta volonté de faire progresser les élèves, en ayant en tête que tout travail non évalué équivaut pour eux à quelque chose d’inutile.



On peut donc passer de 10 heures de correction hebdomadaire pour un prof de français consciencieux à 2 heures de corrections mensuelles pour un prof d’éducation musicale blasé.

La nature et la densité de tes corrections vont donc dépendre, outre ta conscience professionnelle plus ou moins développée, de ta discipline et du niveau auquel tu enseignes. Il est bien évident que corriger un contrôle d’anglais en 6e et une dissertation de philosophie ont autant de points communs qu’un escargot et une Ferrari…

En collège, on évalue plus souvent mais la densité des devoirs est moindre. Au lycée, c’est l’inverse. Au final, tous les profs du secondaire passent un temps certain en corrections de copies ou de productions, sauf en EPS (et encore, j’en ai connu qui donnaient des évaluations écrites, tout autant que des profs d’arts plastiques). Les profs évaluent en moyenne leur temps de correction à 7 heures hebdomadaires, avec les fortes disparités que je viens d’évoquer.

Quand on corrige une copie, il y a plusieurs choses à faire : vérifier que la consigne a été respectée, compter les points obtenus pour chaque exercice ou chaque item attribué, calculer le total sur 10 ou sur 20, annoter dans la marge pour aider l’élève à progresser (signaler les erreurs et expliquer la marche à suivre), rédiger une appréciation globale.

J’ai vu des profs de maths corriger une trentaine de copies en une heure, et des profs de français passer un weekend entier sur un seul paquet (de 26 à 35 copies) de rédactions ou de dissertations. J’ai vu des profs de physique finir le trimestre avec 180 copies à corriger en une semaine. J’ai entendu des profs de SVT pleurer devant les inepties qu’ils lisaient sur les feuilles quadrillées. J’ai soutenu des profs d’histoire-géographie devenus insomniaques à force de passer leurs soirées à corriger. Et j’ai moi-même calculé, un soir de rage, que je corrigeais environ 4000 copies par an, soit 100.000 au bout de 25 ans de carrière…

Parmi les pratiques innovantes qui pourraient se répandre d’ici quelques années, signalons la correction orale : on enregistre des commentaires sur un fichier MP3, que l’élève écoute et utilise pour revenir sur son devoir. Cela ne peut fonctionner que pour des travaux argumentés et longuement rédigés, pas pour une interro d’espagnol ou une étude de documents. Mais après tout, pourquoi pas ?

Outre les corrections proprement dites, il te revient d’entrer les notes ou les compétences dans le logiciel utilisé par ton établissement. Tu n’as pas à calculer les moyennes ou les degrés d’acquisition, le logiciel le fait pour toi.

Les modalités, tenants et aboutissants des évaluations écrites (et orales) sont détaillées dans la rubrique « évaluations ».

Pour conclure, je te conseille cet excellent article des Cahiers Pédagogiques sur la correction au quotidien, quel que soit le niveau : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Corriger-au-quotidien

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