Les vacances

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Ah ! Les vacances ! Ce que le monde entier nous envie, et ce que les salariés français nous reprochent en permanence ! Être prof, c’est, de fait, avoir officiellement 4 mois de vacances dans l’année. On est donc très loin des 5 semaines de congés payés des salariés du privé.

Certaines personnes embrassent la carrière de prof juste à cause des vacances. Elles pensent que le salaire relativement bas, au regard des études poursuivies, se compense par les 4 mois de vacances. J’espère que tu ne fais pas partie de ces personnes, ô cher futur ou jeune collègue, car tu risques fort de déchanter.

En effet, tu vas rapidement réaliser qu’au bout de 6 ou 7 semaines de cours, tu es littéralement lessivé, atomisé, défracté, sur les rotules. Je sais, ça paraît fou. Mais c’est pourtant le cas. Tant qu’on n’y est pas, on n’imagine pas la charge nerveuse astronomique que représentent 6 ou 7 semaines de cours (à temps plein). Pour peu qu’on ait des enfants, et que la seconde journée démarre donc à 17h (la troisième démarrant après le coucher des petits), on se retrouve dans un état apocalyptique bien plus rapidement qu’on aurait pensé. En effet, même si tu as une ou deux demi-journées de libres dans ton emploi du temps, tu vas rapidement réaliser que cela ne te suffit en aucun cas pour faire tout ce que tu as à faire en dehors de tes heures de cours. De ce fait, tu vas donc soit continuer à bosser deux ou trois heures chaque soir, ou le double le weekend (samedi ET dimanche) si tu fais partie des marmottes qui tombent à 21 h (voir rubrique « Le temps réel de travail »). Certes, tu ne fais pas du 9h -18h tous les jours (encore que, ça peut aussi arriver). Mais comme tu fais une grande partie de ton boulot chez toi, tu ne peux pas vraiment t’arrêter. Au final, tu bosses soit 44 heures par semaine (en moyenne, ça peut donc être beaucoup plus), soit une bonne partie de tes vacances. Si tu as des enfants, tu n’as pas trop le choix : la seconde option s’impose.

C’est là toute la supercherie. Tu te dis : chouette, un boulot où je vais avoir le temps de vraiment profiter de mes mômes, passer beaucoup de temps avec eux, les voir grandir. Et c’est vrai ! Tu peux les amener à l’école et les y chercher sans qu’ils passent des heures en garderie. C’est un avantage indéniable ! Tu n’as pas besoin de trouver des solutions de garde 4 mois par an, puisque tu es en vacances en même temps qu’eux : c’est génial ! Sauf que tout le temps – précieux – que tu passes avec tes propres gosses, c’est du temps en moins pour ton boulot -dont tu as pourtant besoin.

Et c’est ainsi que tu te retrouves avec ce paradoxe : tu es chez toi, avec tes mômes, mais tu dois bosser. Et je peux t’assurer que le fruit de tes entrailles ne l’entend pas de cette oreille ! Alors tu ménages la chèvre et le chou, tu prépares tes séquences et corriges tes copies tout en prodiguant tes bons soins et tes activités éducatives à ta progéniture. Tu organises une sortie avec la chair de ta chair mais quand tu rentres, tu ne te reposes pas : tu enchaînes sur le projet X ou Y à préparer, à organiser, à évaluer, à transmettre. Tu fais une partie d’échecs avec ta fille mais dans un coin de ta tête tu as toujours les bulletins à remplir. Etc.

Si tu n’as pas d’enfant, évidemment, c’est bien plus simple. Mais quand on fait ce métier, c’est qu’on aime les enfants/les ados, sinon on s’est carrément trompé de voie. Donc, dans l’immense majorité des cas, on finit par en avoir soi-même. Et c’est là que l’on comprend que les 4 mois de vacances ne sont pas si reposants que ça…

Pour le dire simplement, quand on est prof, on accorde énormément d’importance au bon développement de l’être humain (si ce n’est pas le cas, c’est qu’on n’a rien à faire là). Donc on accorde énormément d’importance au bon développement de nos propres enfants. On n’envisage pas une seconde de les planter devant une console ou une télé 8 heures par jour. Mais du coup, contrairement aux parents salariés du privé, on doit devenir « animateur » 4 mois par an. Et comme on ne gagne pas des salaires fantastiques, on a relativement peu de choix sur les activités à proposer : pas question de visiter un pays ou même une région à chaque congé scolaire. Pas les moyens ! Donc on devient animateur de centre aéré quatre mois par an (un peu moins si on a des parents (comprendre des grands-parents) conciliants). Et, qu’on se le dise, être animateur c’est un vrai job !!! De ce fait, si tu es prof ET parent, tes 4 mois de vacances tu ne les trouves vraiment pas si cool que ça.

Récapitulons : tu termines une période de 6 ou 7 semaines sur les rotules, parce que tu as déployé une attention que même les spationautes n’imaginent pas, 5 à 7 heures par jour durant ce laps de temps. Tu crois que tu vas pouvoir te reposer, parce que tu n’auras pas à aller dans ton établissement. Mais non : soit tu as encore plein de cours à préparer, de copies à corriger, de projets à organiser/finaliser, de différenciation à imaginer ; soit tu l’as fait avant (soirées, weekends) mais dans ce cas tu as juste besoin d’une vraie cure de sommeil car tu es au bout de ta vie.

Et donc, toutes ces promesses de loisirs, d’études, d’activités sympas que tu avais prévues, tu les mets de côté en te disant : bon, la prochaine fois peut-être… Sauf que cette fameuse prochaine fois, elle n’arrive pas souvent.

Encore une fois, si tu n’as pas d’enfant, tu peux quand même profiter de tes vacances. Tu vas bosser 2 ou 3 jours (à fond) et après tu pourras partie en Croatie ou rendre visite à tes potes. Mais si tu es parent, oublie. Les 2-3 jours à fond du prof sans enfant représentent une vingtaine d’heures. Sur deux semaines, avec la marmaille dans les pattes, ça représente environ deux heures par jour (parce qu’on est sans arrêt interrompu). Et donc au final, entre ton job d’animateur et ton job de prof que tu n’as pas vraiment lâché, tu n’as pas du tout l’impression d’avoir eu deux semaines de vraies vacances. Et donc tu reprends le collier plus frais et dispos qu’en partant, soit, mais pas non plus totalement requinqué.

Là où tu peux enfin jouir pleinement d’un repos bien mérité, c’est durant les « grandes vacances », celles d’été. Certes, tu vas passer au moins une (ou deux) semaines à ne faire que bosser pour préparer ton année qui vient. Mais tu auras entre 6 et 7 semaines de « vraies vacances », durant lesquelles tu pourras enfin penser à autre chose, voire ne plus penser du tout. Et ça, ne le nions pas, c’est un vrai avantage.

Pour conclure, je dirais qu’en termes de vacances, il y a des profs qui en profitent pleinement : ceux qui n’ont pas d’enfants et ceux dont les enfants sont grands. Les jeunes et les « vieux » quoi. Ou encore ceux dont les gosses sont dotés d’un bouton « autonomie » hors du commun. Mais pour tous les autres, les vacances s’apparentent simplement à une période certes un peu moins stressante, un peu moins dure, mais pas franchement de tout repos. Et je rappelle à toutes fins utiles que, pour tous les salariés du privé et du public, il en va de même… sauf s’ils font garder leurs enfants par les grands-parents à temps complet durant ces 4 mois.

Attention, je ne suis pas en train de dire que les vacances des profs sont un enfer, loin de là. Je dis simplement que ce n’est pas toujours de tout repos, et que le boulot à faire obligatoirement durant ces périodes n’est pas aisé à concilier avec les responsabilités parentales, le cas échéant.

Par ailleurs, le fait est que ne pas pouvoir choisir ses périodes de vacances (elles suivent le calendrier scolaire, point barre) n’est pas un avantage (financier). En effet, quiconque aura fait une recherche internet sur une location de vacances ou un billet d’avion aura remarqué que, lors des vacances scolaires, les prix grimpent en flèche. Cela varie généralement du simple au double. Un prof est donc condamné à payer ses velléités de dépaysement au prix (très) fort. Pas moyen de profiter des réductions de juin ou de septembre, ni de profiter des ponts de Mai, ni même de faire (comme certains parents) fi de la dernière semaine avant Noël ou « les grandes vacances ». Tu es prof, tu payes un max, c’est comme ça.

Du coup, malgré nos fameux quatre mois de vacances, nous sommes assez peu nombreux à parcourir la planète ou à louer des villas de rêve dans le Lubéron. C’est encore plus vrai, encore, si on a des enfants. Quand on sait qu’une maison dans les Landes avec trois chambres ne se loue pas à moins de 1000 € la semaine en été, c’est-à-dire la moitié de ton salaire si tu es au 7e échelon au moins, tu comprends bien que tes vacances, tu vas les passer chez toi (ou que tu vas te faire stériliser, ou que tu vas adorer le camping deux étoiles). C’est pourquoi le prof a tout intérêt à entretenir son réseau amical et ses relations familiales, de manière à pouvoir se faire inviter gratuitement aussi souvent que possible. Mais comme le prof a, en général, surtout des amis profs, c’est le serpent qui se mord la queue.

Du coup, le prof investit souvent dans un logement agréable, où il va pouvoir passer tout ce temps libre. A cet égard, j’en profite pour te signaler deux bons plans : la CASDEN (dont tu auras un dépliant à chaque rentrée scolaire), filiale du groupe Banque Populaire, propose à ses adhérents un système de points qui peut s’avérer, à long terme, très intéressant pour un prêt. Plus tu cumules de points, plus le taux qui va t’être proposé sera intéressant. Et c’est aussi valable pour les crédits voiture ou travaux (je n’ai pas d’actions à la CASDEN, mais j’ai pu profiter de cet avantage, donc je partage l’info). Dans le même genre, la MGEN (qui est une mutuelle offrant aux enseignants des remboursements pas top mais une garantie de salaire sur un an (et non trois mois) en cas de gros pépin de santé) propose à ses adhérents des assurances prêt immobilier plus intéressantes que celles que l’on trouve sur le marché. Ce serait dommage de ne pas en profiter.

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