Les EPI au collège

EPI

A partir de la 5e, un EPI doit être réalisé avant la fin de la 3e. Mais l’établissement peut en faire un par niveau, ou même davantage. Il faut que chaque EPI corresponde à un des domaines préconisés, à savoir :

  • Corps, santé, bien-être et sécurité
  • Culture et création artistique
  • Information, communication et citoyenneté
  • Langues et cultures de l’Antiquité (ce qui a remplacé le latin)
  • Langues et cultures étrangères/régionales
  • Monde économique et professionnel
  • Sciences, technologie et société
  • Transition écologique et développement durable

Tu trouveras moult ressources pour bâtir les EPI, avec tes collègues. A commencer par celles de l’incontournable EDUSCOL : http://eduscol.education.fr/cid99750/epi.html

Les manuels édités depuis 2016 en proposent, de même que les diverses banques de ressources comme http://www.college-epi.fr/, http://www.reformeducollege.fr/cours-et-options/epi, http://entreprofsdecollege.eklablog.com/exemple-d-epi-par-discipline-a125447282

Mais le problème n’est pas de concevoir un EPI, même si, quand on n’est pas habitué aux projets interdisciplinaires, cela peut sembler difficile. Au final, on réalise bien vite qu’il est assez aisé de concilier des éléments du programme de maths avec celui de français et d’arts plastiques, autour d’un projet. Car les enseignements dont il est question doivent impérativement être connectés aux programmes : pas question d’aborder des notions qui n’auraient que peu de rapport avec ta feuille de route.

Non, le souci n’est pas dans la conception, mais dans la mise en œuvre et dans l’évaluation. Tu vas comprendre pourquoi. Mais avant tout, relisons le texte officiel :

« Les EPI sont des moments privilégiés pour mettre en œuvre de nouvelles façons d’apprendre et de travailler les contenus des programmes. Les EPI et leurs huit thématiques de travail, définis dans les programmes, sont pris en charge par les enseignants de toutes les matières de façon interdisciplinaire. Les enseignants définiront en équipe les contenus des cours. La confiance dans les initiatives des équipes pédagogiques et éducatives est une des clés de la réussite.

Les EPI ont un caractère obligatoire pour tous les élèves, leur organisation est définie et prise en charge par les enseignants conformément au projet d’établissement. Le travail sur ces thèmes aboutira à la réalisation d’un projet incluant une réalisation concrète, individuelle ou collective. »

Encore une fois, sur le papier, c’est très beau. Les élèves voient le fruit de leur dur labeur, autrement que via une note ou un rapport de compétences acquises. Ils peuvent ainsi fièrement montrer leurs réalisations : une exposition, une vidéo, une affiche, un audioguide, un reportage, une maquette, que sais-je encore. Le champ des possibles est infini.

Seulement, réaliser quelque chose de concret, ça prend du temps. Et même un temps fou. C’est-à-dire qu’une fois que chaque prof a travaillé, dans sa discipline, les compétences et connaissances à mettre en œuvre pour fabriquer cette belle réalisation, il faut encore beaucoup d’heures pour que l’élève ou la classe en vienne à bout. Et c’est là que le bât blesse, car tous les profs courent après le temps pour boucler leur programme. Alors, certes, il est tout à fait possible d’organiser des séances en binôme pour procéder à ladite réalisation. Mais c’est compliqué à mettre en place car cela doit se décider avant la rentrée, quand on ne sait pas encore quel type d’élève on aura, et donc combien d’heures seront réellement nécessaires. On peut aussi demander aux élèves de faire une grande partie de leur réalisation à la maison, mais dans ce cas on sait que certains seront très favorisés et d’autres non.

Autre écueil, ces réalisations font souvent appel aux nouvelles technologies (montage vidéo ou audio par exemple), ce avec quoi tous les enseignants ne sont pas tous à l’aise, loin s’en faut. Et puis, le temps dévolu à faire le montage de 30 vidéos, pour celui ou celle qui s’y collera, est juste monstrueux et ne donne lieu à aucun dédommagement, aussi minime soit-il.

C’est pourquoi, bien que la réforme ne soit entrée en vigueur que depuis un an, elle est déjà lourde de conséquences : le temps de concertation, très important, nécessaire à la mise en place de ces EPI, n’est pas du tout pris en compte. Car il ne suffit pas de quelques heures en juillet et début septembre pour que l’interdisciplinarité s’articule correctement. Il faut des heures et des heures de discussion pour se mettre d’accord, pour attribuer les rôles, pour ajuster en fonction des impératifs de calendrier des uns et des autres, etc. Résultat, pour un seul EPI, compter au bas mot une grosse quinzaine d’heures de concertation en dehors des réunions pédagogiques de fin et début d’année prévues à cet effet. Et plus il y a de profs concernés, plus c’est long. C’est pourquoi mieux vaut s’en tenir à un effectif réduit de trois voire quatre profs, mais pas plus.

Comme en général on a plusieurs niveaux, il n’est pas rare de devoir participer à deux, voire trois ou même quatre EPI. Fais le calcul. Au minimum, tu rajoutes une trentaine d’heures sur ton année rien que pour la concertation des EPI (sans compter la conception, l’aide à la mise en œuvre des élèves, l’aide la finalisation – le fameux montage vidéo, ou la mise en place de l’expo, ou la préparation du voyage, que tu fais seul ou accompagné mais dans tous les cas en dehors de tes heures de cours -, l’évaluation).

Puis vient le moment de l’évaluation. Et là, ça se corse encore. Car chaque prof a évalué la production dans sa discipline, mais il faut en plus une évaluation globale. Il te faut donc te réunir avec les collègues concernés, mettre au point une grille de compétences commune, et vous concerter pour évaluer cette fameuse réalisation. Travail d’équipe ! Chronophage en diable.

Et ce n’est pas fini ! Arrive le moment fatidique où il faut rédiger une appréciation dans le LSU (Livret Scolaire Unique). Chaque élève doit en effet bénéficier d’une appréciation sur son travail pour chaque EPI auquel il a participé (soit au minimum deux par an). Là encore, il faut se concerter pour élaborer une appréciation commune (pour chaque élève), ou bien désigner le pauvre bougre qui s’y collera, à moins qu’il ne se porte volontaire (rare). On peut aussi procéder à de savants calculs pour se répartir la tâche. Quoi qu’il en soit, la mise au point et en accord de ces différentes composantes prend un temps fou.

Je ne peux pas estimer le temps que prend un seul EPI, en termes d’élaboration, de concertation, de mise en œuvre en dehors des heures de cours (cela dépend de beaucoup de facteurs humains), mais je peux dire que depuis qu’ils sont arrivés, on est noyés sous le travail. On ne chômait pas avant, mais là, quelle que soit la discipline, ça devient ingérable.

Et ce d’autant plus que les quatre parcours s’ajoutent à cette belle dynamique interdisciplinaire.

Cependant, avec l’arrivée du ministre Blanquer, les EPI ne sont désormais plus obligatoires, sauf un par cycle. L’équipe pédagogique au complet doit donc se mettre d’accord pour désigner le nombre d’EPI qui seront effectivement réalisés.

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