Orientation en fin de 3e et au lycée

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Avec la mort annoncée des CIO (Centres d’Information et d’Orientation), les professeurs (principaux principalement) vont avoir fort à faire en matière d’orientation. En effet, là où auparavant les familles pouvaient se renseigner sans passer par l’établissement, il leur faudra compter sur les régions pour s’y retrouver dans la jungle de l’orientation. C’est surtout en Terminale que les choses vont considérablement se corser, puisqu’avec le nouveau dispositif Parcoursup, les équipes pédagogiques (et plus encore le PP) devront formuler des avis sur les choix d’orientation des élèves, prenant ainsi une très lourde responsabilité (à l’instar des équipes de 3e, mais sans filet de sécurité).

En fin de seconde générale, les élèves peuvent opter pour :

  • Une Première générale
  • Une Première technologique
  • Une Première professionnelle
  • Un apprentissage
  • Un redoublement en seconde professionnelle

En fin de seconde professionnelle, les élèves peuvent opter pour :

  • Une Première professionnelle
  • Une Première technologique
  • Une Première générale
  • Un redoublement en seconde professionnelle
  • Un redoublement en seconde générale
  • Un apprentissage

Pour ces différentes options, il faut que tu te saches que ce n’est pas le seul prof principal qui se charge d’accompagner l’élève dans son parcours d’orientation : tous les profs qui l’ont en charge ont également leur mot à dire, notamment lors des conseils de classe. Cependant, il est vrai que les rendez-vous avec les parents (nécessaires pour les informer et trouver en concertation le parcours le mieux adapté à l’élève), les rendez-vous à prendre avec le COP pour l’élève, les informations précises à transmettre, relèvent de la tâche du prof principal.

Un bon choix d’orientation est un choix qui tient compte :

  • Des ambitions et des souhaits de l’élève
  • De l’accord de sa famille
  • De l’adéquation entre son souhait et ses compétences avérées (résultats).

Je ne vais pas m’étendre sur le parcours de l’élève ayant de bons résultats et suivant sans heurt la voie générale jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Ces élèves là ne posent aucun souci en termes d’orientation. Je n’évoquerai pas davantage les élèves ayant de bons résultats et souhaitant s’orienter en lycée professionnel ou en CAP, pour accéder à un métier qui ressemble à une vocation (comme ébéniste ou boulanger) : heureusement qu’ils sont là, car grâce à ces élèves les voies professionnelles sont revalorisées, et ce n’est pas dommage.

En revanche ça se complique avec les élèves ayant des résultats désastreux (je ne dis pas moyens, je dis bien désastreux) qui refusent l’évidence : il leur sera extrêmement difficile de réussir dans la voie générale. Il n’est pas rare de rencontrer, dans chaque classe, des élèves ne faisant rien ou ayant de grandes difficultés (ou les deux) qui ne voient pas où est le problème pour devenir médecin ou informaticien. Les bulletins, les rendez-vous avec les parents, les mises en garde répétées ne servent à rien : ils restent optimistes. Ce déni de réalité, de la part des élèves et de leurs parents, est une des choses les plus délicates à gérer en tant que prof principal.

Tu vas peut-être me dire qu’il existe des parcours atypiques, avec des élèves ayant des notes catastrophiques jusqu’en 3e mais qui se révèlent soudain en seconde générale. Sans doute, il y a toujours des exceptions. Néanmoins, quand le conseil de classe (via le PP) propose une orientation en 3e prépa-pro ou en seconde professionnelle, ou en CAP, c’est rarement une erreur d’appréciation. Sans des bases solides, il est plus que difficile de réussir en lycée général et technologique.

Toutefois, les familles sont souveraines en matière de décision, et non le conseil de classe. Un élève qui n’a « pas le niveau » pour aller en lycée général peut faire fi de l’avis du conseil de classe et demander à y aller en premier vœu (sur Affelnet). Dans ce cas, le chef d’établissement reçoit la famille et essaye de trouver un consensus. Si celui-ci n’est pas trouvé, que le désaccord persiste, la famille peut alors faire appel : « À la fin de chaque cycle, si la décision d’orientation prononcée par le conseil de classe et confirmée après entrevue avec le chef d’établissement n’est pas conforme aux demandes des familles, celles-ci peuvent choisir de faire appel. Les familles disposent d’un délai de trois jours ouvrables à compter de la réception de la notification de cette décision. La situation de l’élève sera alors examinée par une commission d’appel présidée par l’inspecteur d’académie.

L’établissement informe les familles des modalités de mise en œuvre de cette procédure, de la date et du lieu de réunion de la commission d’appel.

Le chef d’établissement transmet à la commission d’appel les décisions motivées ainsi que tous les éléments susceptibles d’éclairer cette instance. Les parents de l’élève ou l’élève majeur qui le demandent sont entendus par la commission. L’élève mineur peut être entendu à sa demande avec l’accord de ses parents.

La commission d’appel examine le dossier de l’élève et prend une décision définitive d’orientation qui est communiquée par écrit à la famille. » (Source : http://www.education.gouv.fr/cid74/le-choix-d-orientation-d-un-eleve.html)

prof principalLes profs de lycée témoignent de ce qui se passe dans ce genre de cas de figure : l’élève est souvent accepté en seconde générale, mais à l’issue du premier trimestre on lui propose à nouveau une seconde professionnelle. Il est alors prioritaire pour y obtenir une place. En cas de nouveau refus de l’élève et de sa famille, c’est finalement en fin d’année de seconde que le couperet tombera définitivement : la réorientation en lycée pro ne pourra plus être différée, mais l’élève ne sera plus prioritaire et devra donc peut-être aussi envisager un CAP, ou un secteur professionnel qui ne l’inspire pas du tout (en fonction des places restantes).

Dans la mesure où la scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans, les élèves même en très grande difficulté auront une place dans un lycée. Mais la loi de l’offre et de la demande n’est pas en leur faveur : comme certaines filières sont très demandées et d’autres non, il faut un bon dossier- et de bonnes notes – pour intégrer ces filières prisées. Ainsi, les filières de vente, de commerce, de services à la personne, de mécanique, d’électrotechnique, attirent plus de jeunes qu’elles ne peuvent en accueillir. Une sélection se fait. Il faut savoir que près de 40 % de nos jeunes sont concernés par la voie professionnelle.

C’est pourquoi il est très important de prévenir les élèves dès la 5e ou au plus tard en 4e des processus d’orientation et de la réalité du marché de l’emploi. Les statistiques ne sont en effet pas très réjouissantes : « sept mois après l’obtention de leur diplôme, 57% des CAP et 46% des bacheliers pro se retrouvent sur le carreau, sans emploi. Si on élargit la focale, trois ans après l’obtention du CAP et sans poursuite d’étude, un jeune sur trois n’a pas de travail. Et un sur cinq pour les bacs pro. » (Chiffres de 2016, http://www.liberation.fr/france/2016/06/08/bac-pro-toujours-plus-d-eleves-mais-tres-peu-de-debouches_1458045). Certains secteurs embauchent cependant plus que d’autres, comme les métiers de bouche, du bâtiment ou les filières industrielles. C’est surtout le secteur tertiaire qui continue à recruter de préférence des jeunes titulaires d’un BTS ou d’une licence professionnelle.

Un prof de 3e prépa-pro témoigne « Mes élèves ont un niveau très faible, mais certains s’accrochent et pour eux ça peut vraiment être une chance. En revanche, pour ceux qui sont là par défaut, qui pourrissent les cours et ne travaillent pas, la sortie sera très douloureuse ».

En collège et en lycée, on peut désormais à nouveau proposer un redoublement (voire deux si l’élève n’a jamais redoublé en primaire) si la famille est d’accord. Mais l’efficacité très contestée du redoublement fait que les chefs d’établissement – et une partie des collègues – n’y sont pas toujours favorables.

Les profs principaux de 3e et de lycée doivent être très bien informés des offres de formation qui existent sur leur territoire : toutes les formations ne sont pas disponibles partout, certaines filières se trouvent parfois à plus de 100 kms et obligent à séjourner en internat. La dimension géographique a son importance car tous les élèves ne sont pas prêts à quitter leur famille à 15 ou 16 ans, voire même plus tard, pour suivre le cursus qui leur convient. Dans le dialogue avec les familles, la transmission d’informations précises est d’une importance capitale : on ne fait pas miroiter un bac pro métier du bois sans indiquer la liste des lycées qui le proposent, et qui peuvent se trouver dans un autre département. Pour obtenir ces renseignements, le COP et l’ONISEP sont d’un grand secours.

La question des coûts se pose aussi : payer un internat, ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Certaines orientations se font ainsi par défaut. C’est triste mais c’est aussi ça le boulot de prof : être en prise avec la dure réalité de nos concitoyens.

A noter qu’un nouvel acteur en ligne (gratuit) peut rendre bien des services à tes élèves et leur éviter des erreurs d’orientation (dans le supérieur) : www.studyadvisor.fr. Une communauté d’étudiants (2000) se tient disponible pour répondre aux questions concrètes des lycéens. Les discussions se font à distance (via la plateforme) et balayent tout le champ des informations possibles. Quelles que soient les études envisagées, plusieurs étudiants en milieu ou fin de parcours sont en mesure de répondre aux questions.

Un mot sur la réforme du lycée et les heures inclues dans l’emploi du temps des élèves pour l’orientation : 54 heures annuelles, animées en dehors des heures de vie de classe (10 par an), mais par qui ? La question demeure ouverte puisque le Conseil Supérieur de l’Education a rejeté en date du 12 avril 2018 le texte du projet de réforme du ministre Blanquer, notamment pour la classe de seconde. Il faut donc encore attendre pour savoir ce qu’il en sera exactement de ces heures dédiées à l’orientation en lycée.

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6 Comments

  1. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’on a de bons (voire excellents) résultats qu’on est plus faciles à caser… Quand on a pas d’avis sur la question, on est confrontés à une pression monstre de la part de la famille et des professeurs qui ne semblent pas comprendre qu’un élève travailleur ne trouve pas tout de suite sa voie… Et vu que cest pas forcément un cas courant, c’est impossible de se faire aider de manière efficace…

    • Bien sûr tout le monde n’a pas d’idée précise de ce qu’il veut faire plus tard, et c’est très compréhensible (à 15 comme à 30 ans !). Mais dans le cas d’excellents résultats, toutes les portes sont ouvertes, ce qui est quand même très avantageux. Choisir la voie générale permet de continuer à se cultiver, et le nouveau système des « disciplines de spécialité » permet de suivre ses goûts, aussi disparates soient-ils. Après le bac, une année de césure, consacrée à un voyage lointain voire à un périple (à travers l’Europe, l’Asie ou le continent américain) permet de se recentrer sur soi et de réfléchir sereinement à la suite. C’est une tradition dans beaucoup de pays. Cela permet en outre d’essayer différents jobs et de se confronter à la réalité du monde du travail, ce, qui bien souvent, aide à déterminer le choix des études supérieures.

  2. Oui l’année sabbatique me tentait énormément, mais mes parents (ma mère surtout )ne voulaient pas. Leur argument était que je n’étais pas encore majeur, j’ai donc dû rentrer dans les rangs. J’ai tenté une prépa, mais sans motivation, le rythme et les humiliations des professeurs n’étaient plus supportables. Du coup j’ai atterri à la fac mais vu que j’étais en dépression, je n’ai pas pu me mettre au travail. La, j’en suis encore à me demander quoi faire l’année prochaine… J’aimerais bien m’arrêter sur un domaine en particulier ou avoir une illumination qui me motiverait à fond, mais je trouve pas :/

    • Avez-vous fait les tests en ligne d’Onisep ? Avez-vous des hobbies qui pourraient vous orienter vers un secteur, à défaut d’un métier ? Dans votre cas, procéder par élimination semble le meilleur moyen de trouver sa voie. Et puis, maintenant que vous êtes majeure, la césure devient possible ! Autre possibilité : effectuer un service civique dans un domaine qui vous attire au moins un peu. Cela laisse du temps pour que vienne l’illumination, et surtout cela permet des contacts qui pourraient s’avérer fructueux.

      • Oui j’avais fait plusieurs tests d’orientation dont un que m’a conseillère m’avait fait passer et qui était plutôt complet mais ça n’avait pas réellement fait avancer les choses. Des Hobbys j’en ai, mais pas vraiment que j’exerce souvent car pour exercer des loisirs il faut généralement un peu d’argent (crayons pour le dessin, terreau pour le jardin, ou payer un Club) et on me dit que cest pas forcément utile ou que ça attendra … En fait a force qu’on me dise que c’est pas possible ou d’attendre d’avoir un revenu moi même, comment dire, j’ai l’impression de m’autocensurer. Du coup, a chaque fois que j’ai un coup de motivation, je me dit que ça sert à rien. Et pour l’année de césure, sans le support de ma famille, j’aurais pas d’argent et j’ai pas envie de m’embrouiller avec eux. J’ai l’impression d’être toujours une enfant, et tant que je dépens de mes parents, je ne m’autorise pas de folies… Mais honnêtement, je pense que le problème vient plus de moi

        • Vous dites que vous êtes à la fac : qu’étudiez-vous ? Vous êtes en première année ? Il n’est pas rare que les étudiants ne découvrent vraiment ce qu’ils veulent faire qu’en L3, quand ils doivent réfléchir au master. Là ça devient concret et des pistes auxquelles on n’avait pas songé du tout se révèlent soudain.
          Sinon pour ce qui est de la césure, nul besoin de soutien financier familial : on travaille pendant les vacances d’été pendant un an pour se payer le billet d’avion et les 15 premiers jours, on prend des renseignements sur la destination, puis on travaille sur place. Beaucoup de jeunes font cela et partent en Australie ou au Canada, où c’est très facile de trouver des jobs. Ils travaillent deux mois ici, puis trois mois là, etc. L’avantage c’est de faire des rencontres (entre jeunes) et d’ouvrir ses horizons, mais surtout de se découvrir soi-même. Souvent, soyons honnêtes, ça motive aussi pour la poursuite d’étude car quand on a goûté aux jobs mal payés et compris ce que ça signifiait en termes de niveau de vie (de manière empirique), on est bien plus motivé pour accéder à un emploi mieux rémunéré (et donc faire les études qui vont avec).
          Enfin, il semble que vous ayez de multiples centres d’intérêt, ce qui est très positif ! Pourquoi ne pas prendre un job étudiant quelques heures par semaine pour vous payer le matériel nécessaire à ces hobbys ? Vous dites que vous avez l’impression d’être une enfant, mais tant que vous ne mettrez pas un pied dans la vie adulte, en vous assumant au moins partiellement (financièrement), il ne pourra en être autrement. Il y a fort à parier que c’est par ce biais (l’autonomie financière partielle, qui vous donnera la liberté d’explorer vos envies) que vous sortirez de votre « brouillard » sur votre avenir. Je ne suis pas psy (mais j’ai étudié cette discipline) et ce que j’entends dans vos propos ressemble fort à une difficulté à prendre votre envol. Vous devriez peut-être vous faire aider en ce sens…

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