La journée d’un prof du secondaire

temps de travail

Nous sommes le 18 novembre 2016 et c’est une journée comme les autres. Hier soir, je suis rentrée chez moi à 18h30 car j’avais rendez-vous avec un parent après mes cours. J’ai eu de la chance, celui-ci ne travaille pas et j’ai donc pu le voir sur un horaire lambda. Quand les parents finissent leur travail après 18h, il faut s’adapter…

Aujourd’hui je commence tard, à 10h, j’ai donc pu corriger une partie de mes copies ce matin avant les cours. Quand j’en aurai fini avec les 4e, à 12h30, j’irai manger fissa à la cantine pour être à 13h au Ciné-club, que j’anime avec une collègue, une fois par semaine, de manière volontaire. Je suis payée en HSE pour le faire (30 € environ). On est nombreux dans mon collège à animer des clubs sur l’heure méridienne : club couture, échecs, informatique, média, théâtre… Ainsi les élèves peuvent, s’ils le souhaitent, bénéficier d’activités extra-scolaire au sein du collège, plutôt que de se battre dans la cour parce qu’ils ne savent pas quoi faire durant les 1h30 de pause méridienne (ils ne lambinent pas à table). C’est de l’accompagnement éducatif.

A 14h je reprends. Cours avec les 3e. J’enchaîne avec les 5e, une séance d’AP particulièrement sportive. Il est 16h, c’est la récré. Enfin une pause ? Depuis ce matin 8h je n’ai pu souffler qu’une demi-heure, pour manger. Non, j’ai rendez-vous avec la collègue responsable des élèves en ULIS : il faut qu’on parle de l’inclusion d’un gamin de 3e, qui pose problème. Il n’en peut plus, il va péter les plombs, ça se sent. Peut-être faut-il envisager une inclusion moins importante ?

16h15, fin de la récré, ma collègue retourne à ses ouailles, et moi j’ai rendez-vous avec la documentaliste. En théorie, ma journée est terminée (c’est l’une des plus courtes de la semaine, en termes d’heures de cours). Mais non, la prof doc et moi avons sélectionné cet horaire car c’est le seul où nous sommes « libres » toutes deux. On doit mettre un certain nombre de choses au point dans le cadre de l’EMI (éducation aux médias et à l’information). Nous sommes référentes et donc chargées de mettre en place des actions en ce sens. Une classe média devrait voir le jour l’an prochain si l’on se débrouille bien. C’est un travail colossal, en amont comme en aval. Il va nous falloir y passer au moins une vingtaine d’heures, rien qu’en préparation du projet. Le temps d’éplucher tous les textes, de réunir une équipe, de faire les demandes de subvention, d’établir une progression, de préparer les documents pour l’administration, les collègues, le rectorat, le CLEMI… Tout doit être prêt avant le mois de mars, date butoir. On y passera donc nos vendredis en fin de journée. Une vingtaine d’heures juste pour ce projet (il y a d’autres choses à faire dans le cadre de l’EMI). En tout, je consacre – ainsi que ma collègue – une quarantaine d’heures dans l’année à cette charge de référente EMI. Pour 600 € versés au titre de l’IMP (indemnité de moyens provisoires). Soit 15 € brut de l’heure. Sacerdoce, quand tu nous tiens…

17h15, le gong de fin retentit. Enfin. J’ai travaillé de 8h à 17h15 quasiment sans interruption (30 minutes pour le déjeuner, 30 minutes de trajet). Soit un peu plus de huit heures pleines. Pour une journée de 4 heures de cours.

C’est ça, la réalité du métier de prof.

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3 Comments

  1. La description que vous faites est très proche de mon propre vécu, à la différence près que la participation aux clubs ou tout autre projet monté pour les élèves n’est jamais rémunérée chez nous.

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